Mise à jour 15/02/2025
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L'expression de "lit de semences" est ancrée dans le jargon agricole.
Quand on s'y intéresse de plus près, le concept de lit de semences est en fait bien comparable au lit confortable que chacun affectionne, d'un point de vue de sa conception mais aussi de sa fonction. Si l'on regarde la composition d'un lit : d'abord, un drap de dessus fin, puis un matelas souple - dont la dureté peut varier selon les goûts de chacun - et enfin le sommier. On comprend vite que le confort d'un lit résulte directement de la qualité de ces trois composants. Pour la semence, le lit de semences est un prérequis décisif à sa germination et au développement futur de la culture. C'est ce que nous allons décrypter dans cette série, en s'attachant d'abord à comprendre les conditions de développement racinaire :
Et plus précisément: pourquoi sont-elles en mesure de s'enraciner jusqu'à 120 mètres de profondeur (plus longue racine jamais mesurée dans le cas d'un figuier d'Afrique du Sud)? Il y a plusieurs raisons à cela:
Revenons donc à notre lit de semence. Commençons par le drap de dessus.
Le drap de lit correspond à l'horizon de semis. L'objectif est de créer des conditions optimales afin de stimuler la germination de la graine. Comme les radicules sont très minces et fragiles, la qualité du lit de semence influe sur le bon enracinement de la graine. L'apparition de la radicule permet d'accélérer la capacité de la plante à accéder aux réserves d'eau. Les plantes ne peuvent assimiler les anions et les cations (généralement l'engrais) presque exclusivement sous forme liquide (dissoute dans l'eau). Plus vite les racines seront en mesure d'absorber de l'eau, plus vite elles pourront assimiler les nutriments. La fermeture du sillon joue donc ici un rôle déterminant puisqu'elle permet de garantir l'alimentation des plantes en eau par phénomène de capillarité, la remontée d'humidité étant assurée. Une condition incontournable qui permet de garantir l'accès à la couche inférieure, le matelas.
Le matelas correspond à l'horizon du sol nommé A sur le schéma ci-contre. Dans les terres agricoles, cette zone est souvent appelée horizon de travail. Sur cet horizon, les racines sont moins sensibles que dans la couche supérieure. C'est ici qu'elles assimilent la majorité des nutriments tout en s'enracinant de manière intensive afin de développer leur appui dans le sol. Cette couche allant de 5 à 30 cm de profondeur peut être plus compacte. Des couches déstructurées constituées de terres trop légères peuvent ralentir la croissance et nuire au bon développement des plantes, au même titre que les terres compactées. Les problèmes de compaction engendrent des retards de croissance ainsi que des malformations du système racinaire. Ceci pourra alors occasionner des phénomènes de stagnation de l’eau dans les parcelles et un déficit d'oxygène dans le sol. L'objectif est donc de maintenir un équilibre dans la structure du sol.
Intéressons-nous enfin à la couche inférieure B, également dénommée horizon alluvial. Cette couche constitue le sommier et reflète quasiment l'état des couches supérieures qu'il supporte. Nous y retrouvons en effet tous les nutriments enrichis qui se sont infiltrés depuis l'horizon A, avant d'être assimilés par les racines en fonction de leur épaisseur. L'eau des couches inférieures est également présente dans cette zone.
En pratique, la préparation du lit de semence consiste à travailler le sol en évitant de remonter des mottes humides à la surface en vue d'obtenir une terre plus ou moins fine, en adéquation avec les besoins de la culture cible (terre plus fine pour la betterave sucrière que pour le maïs ou le soja) et de créer des conditions favorables à la germination de la semence (accès à l'eau par capillarité).
La taille idéale des mottes, la quantité de terre fine nécessaire et la profondeur de semis (en fonction des machines) restent des sujets sensibles et très discutables. Si nous voulons rester objectif, le critère décisif reste avant tout les caractéristiques du terroir et la qualité de la structure du sol (et facteurs afférents).
Pour poursuivre sur les techniques de préparation, nous reviendrons dans notre prochain article sur les conditions d'intervention et de préparation pour ce printemps.