Charly Jacqueline cultive de l’orge de printemps, de l’orge d’hiver, du blé, de la betterave, de la pomme de terre, du petit pois et de la luzerne en terre crayeuse blanche, dans la Marne (51). Aujourd’hui, le rapprochement avec plusieurs autres exploitations lui a permis de partager l’ensemble des outils nécessaires à la production de betterave, à savoir porte outils, semoir monograine, effeuilleuse, arracheuse et débardeuse sur un total de 152 hectares. En 2022, leur attention s’est également porté sur l’achat d’une herse étrille. Un achat pas si évident au premier abord.
« Il a fallu peser le pour et le contre. D’une part il faut passer outre nos propres préjugés et notre peur d’abimer la culture lors du passage de herse. Et puis le sec du printemps 2020 qui a suivi un hiver particulièrement pluvieux nous a poussés à sauter le pas. Nous n’avions aucun outil pour casser la croûte de battance en post semis et la houe rotative était bien trop agressive. Nous avons donc emprunté une herse à un voisin et nous l’avons testée. C’est le plan France Agrimer qui a achevé notre processus de décision d’achat d’une herse Cura ST de la marque Horsch. »
UN ATOUT PAR TEMPS SEC POUR ACHEVER LE PROCESSUS DE PULVERISATION
« Ce n’était pas un achat évident pour nous au début. D’une part il y a peu de collègues qui l’utilisent en betteraves, on voit plutôt tourner des bineuses qui n’impactent pas la culture sur le rang. C’est à ce titre que les plans de subvention nous ont aidés à prendre la décision, et nous avons ensuite testé la herse sur plusieurs cultures et pour plusieurs utilisations. Dans le cas de la betterave, j’y vois un atout majeur : par temps sec, les passages de pulvérisateur ne permettent pas de lutter efficacement contre la pression ray-grass et les chénopodes. Il faut donc faire un premier passage d’herbicide pour affaiblir le système racinaire de la plante, puis passer une fois dans un sens et une fois dans l’autre pour venir arracher l’adventice. Pour éviter d’arracher la betterave, il faut que cette dernière soit suffisamment poussée, c’est-à-dire à peu près au stade 4 feuilles, feuilles redressées mais il faut également que l’adventice ne soit pas trop développée.
Nous avons cherché ensuite à utiliser la herse étrille dans d’autres cultures. Dans la luzerne, elle est très utile l’hiver contre certaines mauvaises herbes. A 10 km/h avec beaucoup d’agressivité, on arrive à obtenir un très bon débit de chantier sans déloger la luzerne qui est en phase de repos végétatif et très bien enracinée. Encore une fois ici, la Horsch ne remplace pas le pulvérisateur mais vient achever le processus de désherbage initié par la lutte chimique, et principalement par temps sec.
Egalement, mais cette fois-ci avec des réglages beaucoup moins agressifs, nous passons dans le blé. Ici la vitesse dépend de l’humidité, pour éviter de travailler trop la terre.
En cas de sécheresse, il serait inutile de faire plusieurs passages de pulvérisateur pour un produit coûteux qui n’aurait qu’un impact limité, alors que le passage de herse en betterave, blé et luzerne permet de retirer définitivement les adventices affaiblies. Le désherbage mécanique est chronophage, bien entendu, mais les 12 mètres de la Cura couplés à une vitesse de 6km/h nous permet de pallier ce problème. »
LUTTER CONTRE LES RAVAGEURS
La herse devient également un outil stratégique pour lutter contre les dégâts de campagnols. Après 3 ans d’utilisation, le constat de Charly est sans appel : « Si l’on passe de manière régulière la herse pendant l’hiver, les campagnols deviennent plus sensibles a la prédation ou n’arrivent plus a retrouver leur trou ou leurs lieux de nourriture. Nous avons constaté une diminution significative de la population, le procédé est particulièrement efficace. En revanche, il ne faut pas qu’il y ait trop de débris de végétation sinon la herse finit par bourrer. »
LA CURA ST COMME OUTIL DE TRAVAIL DU SOL EN CEREALES ET BETTERAVES ?
On parle toujours de la herse étrille comme d’un outil de désherbage mécanique. Mais cette dernière peut également travailler le sol de manière très superficielle, sur les tous premiers centimètres : « Nous avons plusieurs cas de préparation de sol. Cette année, nous l’avons utilisée pour préparer le lit de semences des orges de printemps afin d’éviter de passer un outil à dent et de trop retravailler le sol. Nous avons ainsi évité trop de gaspiller l’humidité résiduelle.
Il y a deux ans également, nous l’avons testée dans une parcelle de craie rouge qui était sujette à la production de mottes. Plutôt que de travailler à 10 cm de profondeur avec un déchaumeur à dents juste avant le semis de betteraves, nous avons passé la Cura Horsch. Nous avions réglé l’agressivité au maximum, avec une vitesse d’avancement de 12 km/h. Convenons qu’avec une herse de douze mètres, il y a pas mal de tirage ! Cette utilisation a été très efficace pour limiter l’émergence de gros blocs de terre préjudiciables à la betterave.
Enfin, il nous arrive parfois de l’utiliser après le passage du déchaumeur à dents, si nous ne pouvons semer la betterave juste après. Cela permet de réaffiner le lit de semence et de réchauffer le sol. Ca a vraiment tendance à casser les mottes »
LES REGLAGES
« En terme de réglage, nous cherchons toujours à avoir les dents redressées au maximum, nous ne touchons quasiment pas au réglage du châssis (qui permet de gérer la pression des dents de 100g à 5kg) mais nous affinons l’agressivité des dents grâce au réglage des ressorts par cales de couleur. Nous faisons en sorte que les roues de support passent entre les rangs, mais il faut faire bien attention à ce qu’elles ne touchent pas les vérins au repliage. »
LA PUISSANCE REQUISE ?
Une herse étrille Cura 12 ST est relativement lourde et nécessite donc un tracteur de minimum 120 chevaux. Plus que la puissance, c’est la capacité de relevage arrière qui importe. Dans le cas de l’exploitation de Charly, ce dernier utiliser un tracteur de 200 chevaux équipé de masses avant et de pneus larges : « Cela nous permet d’atteindre des réglages plus agressifs et une vitesse de 12 km/h, par exemple dans le cas d’une préparation de lit de semence avant semis de betterave ».
LES FAUX PAS A EVITER
« Il n’y a que l’expérience qui nous a aider à mieux utiliser la Cura de chez Horsch ! Il nous est arrivé par le passé de ralentir et de diminuer l’agressivité de la herse par peur d’endommager la betterave. C’était une erreur ! A posteriori nous avons remarqué que les adventices n’avaient pas été arrachées, et que la betterave qui avait subi les assauts de la herse étrille ne s’en trouvait pas malmenée. »
Le conseil serait de ne pas trop regarder derrière soi… et de sauter le pas du désherbage mécanique sur le rang pour ce type de culture à haute valeur ajoutée. D’autant plus si d’autres produits phytosanitaires sont retirés du marché. Ne pas faire l’impasse sur la pulvérisation qui reste un levier d’efficacité important en cas de pluie, mais également travailler à trouver des solutions en cas de printemps sec annoncé.